Réélu pour un nouveau quinquennat, Emmanuel Macron l’emporte avec une marge bien plus faible qu’en 2017. Le candidat de la République en marche fait encore le plein dans les grandes villes… divisant la France en deux.
« Je ne suis plus le candidat d’un camp mais le président de tous », a assuré Emmanuel Macron dimanche, fêtant sa réélection face à la tour Eiffel. Le président sortant a recueilli 58,54 % des suffrages, à la faveur d’un « front républicain » face à Marine Le Pen (41,46 %). Si près de 2 millions de votes lui font défaut par rapport à 2017, l’analyse des résultats du second tour, commune par commune, montre à quel point Emmanuel Macron reste le candidat des villes.
Le président sortant, candidat de la République en marche, arrive en tête dans près de 17 000 communes. C’est 1 000 de moins que sa concurrente, Marine Le Pen. La différence des 5,4 millions de bulletins qui les sépare se retrouve dans la typologie des villes conquises : quand le premier séduit les villes très peuplées – et donc lourdes d’un point de vue électoral – la seconde séduit les petites villes et les campagnes dont elle s’est proclamée la défenseuse pendant sa campagne.
La carte de France du vote Macron montre ainsi de manière assez nette les centres urbains, où l’extrême droite a du mal à percer. Outre une quarantaine de villes de plus de 20 000 habitants acquises à Marine Le Pen (la plupart étant en Outre-mer et dans le sud de la France), toutes les autres sont sous la coupe d’Emmanuel Macron. S’il fallait un exemple – et une illustration de la fracture que ces résultats montrent –, ce serait celui de Paris : le président sortant y recueille 85,1 % des suffrages.
Plus de 80% à Rennes, Nantes, Bordeaux
À Rennes (Ille-et-Vilaine), par exemple, il enregistre 84,15 % des suffrages. À Nantes (Loire-Atlantique) et Bordeaux (Gironde), Emmanuel Macron enregistre des scores titanesques de 81,15 % et 80,06 %. À Lyon (Rhône), Emmanuel Macron engrange 79,8 % des voix, devant Toulouse (Haute-Garonne, 77,48 %). Il profite très largement du report des voix de Jean-Luc Mélenchon qui y avaient enregistré des scores phénoménaux au premier tour, arrivant en tête dans plusieurs de ces grandes villes.
Le score est plus serré à Marseille – mais toujours un poil meilleur qu’au niveau national pour Emmanuel Macron – où Marine Le Pen enregistre quand même 40,16 % des suffrages, face à un Emmanuel Macron à 59,84 %. À Saint-Raphaël (Var), Le Cannet (Alpes-Maritimes), Narbonne (Aude), Arles (Bouches-du-Rhône) ou encore Toulon (Var), le match est aussi serré, se jouant à quelques centaines de voix entre les deux candidats.
Comme en 2017, Emmanuel Macron a été élu en rempart à l’extrême droite. Mais ce « front républicain » s’effrite, partout en France. Il est même à terre en outre-mer, où le candidat de la République en Marche, arrivé largement en tête il y a cinq ans, s’effondre, laissant le terrain à Marine Le Pen. En métropole, dans le centre de la France, dans le Sud-Ouest et en Corse, son nombre de voix baisse de plus de 20 % par rapport à 2017. Le président sortant peut trouver satisfaction dans le Nord et en région Auvergne – Rhône-Alpes où il progresse dans quelques communes.
Conscient de son image, Emmanuel Macron avait prôné vendredi, lors de son dernier meeting de campagne, à Figeac (Lot) la « réconciliation » entre villes, campagnes et quartiers. Depuis le Champ-de-Mars, ce dimanche, Emmanuel Macron a dit vouloir porter son projet « avec force pour les années qui viennent en étant dépositaire aussi des divisions qui se sont exprimées et des différences, en veillant chaque jour au respect de chacun et en continuant d’œuvrer à une société plus juste et à l’égalité entre les femmes et les hommes », assurant que « nul ne sera laissé au bord du chemin ». De quoi séduire les campagnes ?
leparisien