Depuis plusieurs jours, il n’y a plus de contact direct entre Goma et Rutshuru. Cet état de fait a un impact négatif sur l’économie de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu (est). Les prix des denrées alimentaires ont presque doublé, explique William Balungwe, un habitant de Goma rencontré par la DW à l’entrée du marché Maman Olive Lembe (l’épouse de l’ancien président Joseph Kabila) situé dans le quartier Himbi sur la route de Katindo.
Il soutient que « C’est la guerre causée par le M23. Il y a beaucoup de choses qui n’arrivent pas à Goma et ça fait monter le prix. Nous venons du marché, le prix du poisson a doublé et le prix des haricots et d’autres choses qui viennent de Rutshuru a triplé. La vie est donc devenue si difficile, nous ne savons pas comment nous en sortir. »
Baisse de la production
Joséphine Mathé, vendeuse de haricots dans un entrepôt de Goma, explique que cette situation est due au fait que depuis le début de la guerre, la production agricole a considérablement baissé dans le territoire de Rutshuru, qui est l’un des principaux greniers de la RDC. Selon elle, avec cette guerre, les agriculteurs ont abandonné leurs champs craignant pour leur sécurité.
« Il y a une augmentation du prix des haricots. C’est par hasard que nous en trouvons. Actuellement, une bonne quantité vient de Tanzanie. Avec les guerres à répétition, les agriculteurs n’ont plus accès à leurs champs ».
Crise alimentaire
De son côté, le chef des travaux et économiste Thomas Gahamanyi explique que ce qui se passe sur le terrain est une situation normale qui ne devait arriver qu’avec le blocage de la route Rutshuru-Goma. Ce professeur d’université dit voir déjà une crise alimentaire s’installer dans la ville de Goma.
Thomas Gahamanyi estime que « depuis que les routes et nos zones rurales sont occupées, il ne pouvait qu’y avoir une flambée des prix sur le marché. J’anticipe déjà l’insécurité alimentaire dans nos ménages de la ville de Goma. En effet, les ménages qui dépendent de nos zones rurales se retrouvent dans l’insécurité. Un ménage qui avait du riz, des haricots ou des pommes de terre comme aliment de base, ne sait plus quoi manger. Nous devons maintenant concevoir des stratégies et des politiques de sécurité alimentaire. »
Les habitants de Goma n’espèrent qu’une seule chose :le départ des combattants du M23 des zones qu’ils occupent. Car chaque jour qui passe, est un jour de calvaire pour eux et pour les localités environnantes.
DW