Après des années de brouilles entre Paris et Londres, le président français reçoit vendredi à Paris Rishi Sunak pour un sommet visant à écrire le « renouveau » de l’alliance entre les deux capitales.
Les deux hommes doivent écrire le « renouveau » entre la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron reçoit vendredi 10 mars à Paris Rishi Sunak pour un sommet visant à réécrire l’alliance « essentielle » entre la France et le Royaume-Uni après des années de brouilles.
Quinze jours avant une visite État en France du roi Charles III pour son premier déplacement à l’étranger, le président français accueille le Premier ministre britannique pour renforcer la lutte contre l’immigration clandestine et la coopération sur la défense et l’aide militaire à l’Ukraine.
Macron, un grand ami, « assurément »
« Notre histoire ancienne, notre proximité et notre vision partagée des défis mondiaux signifient qu’un partenariat étroit entre le Royaume-Uni et la France n’est pas seulement important, il est essentiel », a déclaré Rishi Sunak dans un communiqué peu avant son arrivée à l’Élysée.
« Alors que nous sommes confrontés à des menaces nouvelles et inédites, il est crucial de renforcer les fondations de notre alliance pour être prêts à affronter les défis du futur », a-t-il ajouté.
De quoi faciliter un tournant. Les relations ont rarement été au beau fixe entre Emmanuel Macron et l’ex-Premier ministre Boris Johnson, et elles s’étaient encore dégradées avec son éphémère successeure Liz Truss qui avait, un temps, refusé de dire si le président français était un « ami ou ennemi » du Royaume-Uni. « Un grand ami, assurément », tranche vendredi Rishi Sunak, dans un entretien au journal Le Figaro.
La priorité de la « reconnexion »
Du Brexit à la pandémie en passant par une vive brouille au sujet des alliances dans la région Asie-Pacifique, de multiples crises avaient d’ailleurs interrompu la tradition des sommets annuels, le dernier remontant à 2018.
La « priorité » est donc une « reconnexion », pour « reprendre des habitudes de travail communes » entre les deux dirigeants, qui seront accompagnés chacun de sept ministres, souligne-t-on à l’Élysée.
Les deux dirigeants se retrouveront en fin de matinée pour des entretiens, puis un déjeuner de travail et enfin une conférence de presse à 15 h.
Côté britannique, l’accent est mis sur la lutte contre l’immigration clandestine, source de tensions entre les deux rives de la Manche.
Paris et Londres ont négocié « un renforcement » de leur coopération et des moyens pour contrôler les flux migratoires depuis la France, dans le sillage du traité de Sandhurst signé en 2018 et d’un nouvel accord conclu en novembre, selon les deux pays.
Dans l’entourage du dirigeant conservateur britannique, on juge « crucial » de travailler « avec les Français pour empêcher les traversées et les pertes de vies humaines dans la Manche », alors que plus de 45 000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2022 sur des embarcations de fortune.
Downing Street espère donc « continuer à renforcer les patrouilles » pour « sévir contre les gangs » de passeurs « et stopper davantage de bateaux ».
« Il est crucial de briser le cercle des gangs criminels. C’est la réalité : des organisations criminelles facilitent les mouvements de personnes », martèle le Premier ministre britannique dans le Figaro.
Un nouvel élan » à la coopération sur la défense
Ce sujet sera abordé quelques jours après la présentation mardi par le gouvernement britannique d’un projet de loi controversé pour restreindre drastiquement le droit d’asile, vivement dénoncé par l’ONU.
L’invasion russe de l’Ukraine présente aussi un défi commun aux deux premières armées européennes, les deux seules dotées de l’arme nucléaire en Europe, poussées à se rapprocher.
Un contexte qui permet de « donner un nouvel élan » à la coopération sur la défense, a dit un conseiller du président français au sujet de ce partenariat gravé dans le marbre par le Traité de Lancaster House en 2010 mais mis en sourdine depuis le Brexit.
Selon Londres, les deux dirigeants vont annoncer une « coordination accrue de la fourniture d’armes à l’Ukraine et de la formation » de militaires ukrainiens, pour que « des milliers supplémentaires » d’entre eux soient prêts au combat.
Un « partenariat stratégique » doit par ailleurs être conclu sur l’énergie nucléaire, et des investissements croisés annoncés par des entreprises des deux pays, le tout avec comme fil rouge la décarbonation de l’économie pour lutter contre le réchauffement climatique.
AFP